Les vieux médias poussiéreux ont permis à un Jean Charest amoché de refaire son image en fin de semaine aux frais des contribuables.
M. Charest a joué un rôle central dans la déconfiture des audiences sur le pipeline Énergie Est, suspendues après le scandale de « l'Affaire Charest ». La réhabilitation de son image publique nécessitait un média complaisant qui éviterait les questions difficiles tout en le faisant briller — c'est exactement ce que CBC-Radio-Canada a fourni à l'ancien premier ministre et lobbyiste.
Les Canadiens ne connaissent toujours pas toute l'histoire derrière Charest, TransCanada et l'ONÉ. Mais, seulement dans la dernière semaine, deux émissions phares de CBC-Radio-Canada ont diffusé des entrevues avec Jean Charest et elles ont complètement évité la question du pipeline.
Il s'agit d'un média financé par vos taxes, qui ressuscite une personnalité publique dont l'image est lourdement affectée, lui fournissant un nouveau départ après des accusations de conflit d'intérêts il y a tout juste un mois.
Dorloté par le média public, Charest a pu jouer le rôle d'un ancien homme d'État commentant légèrement les affaires internationales tout en profitant d'un journalisme de complaisance et d'une caméra maquillant ses plaies béantes.
Voici pourquoi nous avons besoin du journalisme indépendant.
Parce que les bons vieux médias n'iront pas jusqu'au fond de l'histoire. Si nous les laissons faire, ils laisseront s'effriter l'attention du public.
Vous savez à quel point la population peut oublier, surtout quand elle se fait aider par des médias affamés de revenus, s'empiffrant dans les pièges à cliques de l'élection américaine.
Vous vous souviendrez que Charest a eu une rencontre privée avec l'Office national de l'énergie alors qu'il était payé par le géant du pipeline TransCanada — cette histoire contient des mystères et des chapitres qui n'ont pas encore été racontés, mystères qui auraient pu être résolus lors des émissions As It Happens de CBC, Les coulisses du pouvoir de Radio-Canada et au National Post où Charest a été invité à roucouler sur le nouvel accord de libre-échange avec l'Europe tout en ignorant le désastre de l'oléoduc.
Bien sûr, Charest est largement considéré comme l'un des architectes qui ont lancé les discussions qui ont mené à l'entente et il a beaucoup à offrir sur ces questions. Bien entendu.
Mais pourquoi les journalistes de ces médias n'ont pas saisi l'occasion pour lui poser des questions sur le fiasco de son lobbying pour le pipeline Énergie Est.
Ce fiasco a mené à une confrontation tumultueuse avec la police de Montréal, à la suspension temporaire des audiences sur Énergie Est et à la récusation du président de l'ONÉ et des commissaires. C'est gros. Mais vous ne l'apprendrez jamais en visionnant les entrevues de la semaine dernière.
Charest n'a pas fait beaucoup d'apparitions publiques depuis la débandade d'Énergie Est. Il n'a toujours pas abordé la question ou répondu à une seule question.
Nos lecteurs, particulièrement les Québécois, auraient aimé entendre Charest sur ce scandale.
Puisque Charest est resté muet depuis juillet, lorsque le National Observer a dévoilé en premier comment il a donné à l'ONÉ des conseils politiques secrets pour convaincre les Québécois d'accepter le pipeline, ça l'aurait été juste normal qu'au moins une question soit posée. C'était comme attendre que les journalistes posent au moins une question sur les changements climatiques aux candidats américains lors des trois débats... le moment n'est jamais venu.
Le NPD a demandé au commissaire au lobbying du Parlement du Canada de faire une enquête sur l'Affaire Charest. L'ONÉ a même proactivement renvoyé ses dossiers traitant de la rencontre avec le roi du lobby.
À ce jour, TransCanada, l'ancien employeur de M. Charest, n'a toujours pas répondu à cette simple question : est-ce qu'au moins un de ses employés était au courant de la rencontre entre Charest et l'ONÉ?
Mais, les vieux médias du Canada, et même le relativement jeune Huffington Post Québec, ont ignoré l'éléphant dans la salle.
Et, vous savez, maquiller M. Charest pour la télé n'enlève pas l'ombre de l'affaire Énergie Est. Ce n'était pas du journalisme pour l'intérêt du public. Ce n'est pas le travail des journalistes de réparer la réputation d'un politicien, spécialement un qui n'a pas encore eu à répondre de ses actions au service d'une multinationale milliardaire déterminée à construire un pipeline de 4 500 kilomètres dans six provinces.
Dans le sillage d'un scandale majeur qui a causé le remplacement de l'ensemble des commissaires analysant Énergie Est, personne ne le questionne sur le sujet quand il revient sous les projecteurs?
Le Canada mérite du meilleur journalisme que ça. Merci de vous abonner à l'Observateur national.
Traduction par écoQuébec Info
Lire la version originale de ce texte en anglais ici.
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