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Énergie Est: ne laissons pas TransCanada nous endormir

#22 of 37 articles from the Special Report: National Observer Français
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Russ Girling, le président et premier dirigeant de TransCanada, participe à une conférence de presse à Ottawa, le 14 juillet, 2016. Photo/Kate Cornick.

Alors que l’évaluation d’Énergie Est est suspendue au Québec parce que TransCanada n’a pas respecté notre loi et qu’au Canada, le processus doit recommencer suite au scandale de l’affaire Charest, la multinationale albertaine continue son lobbyisme dans l’ombre pour nous enfoncer son pipeline dans la tête.

En plus de tirer de l’arrière dans les sondages au Québec, la compagnie perd haut la main au jeu des appuis significatifs.

Les partisans sont prévisibles. Ce sont ceux qui profitent à nous enfermer dans une économie du 20e siècle: des chambres de commerce, le patronat, le PCC, des associations de droite, des travailleurs de la construction (FTQ-Construction, Teamsters Canada), quelques élus, etc.

Très peu en contraste avec la coalition d'opposition d’une ampleur inégalée: les 82 maires de la CMM, les 43 communautés des Premières Nations (APNQL), les agriculteurs (UPA et Union paysanne), des travailleurs (CSN, SFPQ, etc.), le PQ, le Bloc québécois, QS, des associations d’étudiants et de retraités, des villes, des villages, des MRC, des économistes, 21 microbrasseries, le mouvement environnemental au grand complet, etc.

Une opposition naturelle quand on analyse bien le projet et que l’on réalise que l’eau potable de 3,2 millions de Québécois est menacée et que ce pétrole n’est pas pour le Québec. Il ne créerait que 33 emplois à long terme ici et détruirait des emplois manufacturiers via la maladie hollandaise.

De plus, ce tuyau contribuerait à une expansion de la production des sables bitumineux de 40%. Or, le Canada doit laisser 85 % de ses ressources pétrolières connues dans son sol s’il veut aider l’humanité à éviter la catastrophe climatique.

Alors, que fait la multinationale albertaine? Désespérément à la recherche de partisans chez les élus, elle mandate deux lobbyistes pour une tournée du Québec: 22 députés, 8 ministères ainsi que 83 MRC et municipalités. Son porte-parole, Louis Bergeron, nous dit qu’il « ne cherche pas à faire changer de loi ni à obtenir des faveurs ». « Le but est d’écouter les questions et de partager de l’information sur l’évolution du projet », ajoute-t-il, lui qui sera accompagné de Richard Brosseau, un ancien employé de Jean Charest ayant travaillé pour lui sur le dossier du pétrole d’Anticosti en 2012.

Vous êtes rassurés? Moi non plus.

Mon petit doigt me dit que s’ils ont la chance de convaincre quelques élus de prendre position pour le projet, ils ne vont pas se gêner.

La cerise sur le sundae: TransCanada vient de lancer des bourses d’études tributaires du tracé d’Énergie Est! Oui, 150 bourses, pour un total de 250 000 $, seront données à des étudiants dont la moitié proviennent des Premières Nations. Des miettes pour cette multinationale qui possède un portefeuille d’actifs de 88 milliards $.

Une stratégie « d’acceptabilité sociale » digne d’Edelman, la plus importante firme de relations publiques au monde. Souvenons-nous qu’en 2014, TransCanada a du larguer cette dernière lorsque son plan de match machiavélique pour nous enfoncer son tuyau fut démasqué par Greenpeace.

Que faire pour empêcher TransCanada de nous endormir?

TransCanada a beau dépenser des millions de dollars en publicités et en lobbyistes, nous avons la science et les nombres de notre côté.

Voici ce que vous pouvez faire :

Surtout, n’oublions pas qu’il s’agit d’une lutte politique. Au final, l’approbation ne sera pas basée sur la science, mais sur un calcul politique de Justin Trudeau, lui qui vient tout juste d’approuver deux oléoducs.

Cette semaine, après la sortie remarquée des 21 microbrasseries contre Énergie Est, TransCanada et les libéraux ont senti la soupe chaude. Vendredi, c’est via leur fidèle serviteur à La Presse qu’ils ont fait couler une étude du ministère des Finances qui semble utiliser des hypothèses farfelues pour gonfler les retombées économiques du projet, tout en ignorant les risques financiers des déversements. On apprend dans l’article que les ministres concernés au PLQ avaient déjà eu une présentation sur l’étude en février… la famille libérale attendait le bon moment pour sortir cette carte dans son journal.

Si vous voulez que le Québec prenne le virage pour un développement économique digne du 21e siècle, il est primordial que vous mettiez de la pression sur vos élus à tous les niveaux. Faisons en sorte que le rejet du pipeline soit un enjeu central des élections municipales de 2017 et de l’élection québécoise de 2018. C’est ensuite, en 2019, que le gouvernement Trudeau est censé annoncer sa décision.

Je préférerais écrire à propos de l’essentielle transition énergétique qui enrichirait réellement le Québec, mais nous devons d'abord enterrer ce dinosaure canadien, au plus vite.

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